EL TEMPS DE LA MEMÒRIA

TRESORS DEL MUSEU D’ARQUEOLOGIA DE CATALUNYA A GIRONA

Askos à tête d’Achélôos

Askos à tête d’Achélôos

Céramique

IIIe siècle av. J-C

Mas Castellar (Pontós - Alt Empordà)

Vase thériomorphe (en forme d’animal), dont la tête représente Achélôos. Il possède une embouchure sur la partie supérieure, et trois petits appendices représentant des pattes sur la partie inférieure. Il est décoré de bandes rougeâtres et noires sur un vernis jaunâtre. Les traits du visage sont délicatement modelés et soulignés par ces mêmes couleurs.

On considère qu’il provient de l’une des villes grecques d’Ionie, sur la côte de l’actuelle Turquie. Cependant, certains auteurs ont étudié la possibilité qu’il vienne de Sicile ou de la Grande Grèce, par des comparaisons avec des objets similaires. Sa datation correspond globalement à la moitié du VIe siècle, début du Ve siècle avant J.-C.

Trouvé à Empúries, il fut acheté par la Commission de monuments à Pere Màrtir Pujol, de l’Escala, le 3 février 1897. M. Pujol fut l’un des principaux fournisseurs d’objets d’Empúries pour les collections du musée.

Achélôos était le nom d’une rivière grecque, mais aussi d’un dieu fluvial qui avait le don de la métamorphose. Il fit face à Héraclès pour obtenir en mariage Déjanire, fille d’Œnée, mais elle ne crut pas en cette capacité de transformation. Lors du combat, il se transforma en taureau, mais Héraclès lui brisa une corne. Cette corne, ou une autre corne, selon d’autres versions, qu’Achélôos donna à Héraclès afin de récupérer celle qu’il lui avait cassée, devient la corne de l’abondance.

Nous pouvons voir qu’Achélôos est représenté sur ce vase avec une tête barbue, des cornes et des oreilles d’animal, comme une représentation graphique du mythe du dieu qui perdit une corne.

L’askos d’Achélôos est un vase en céramique de la deuxième moitié du VIe siècle avant J.-C, début du Ve siècle av. J.-C. Le vase présente une tête masculine avec de la barbe à une extrémité. La tête, de forme triangulaire, est située sur un côté de l’objet, avec des oreilles, surmontées de deux cornes qui indiquent la représentation du dieu fluvial Achélôos. Le corps, qui forme le récipient pour y contenir des liquides, est allongé et rappelle la forme d’une gourde en cuir, auquel le terme grec askos fait référence, achevé par une extrémité postérieure pointue et relevée, avec un orifice pour verser le liquide. Au dos, il présente une ouverture circulaire plus grande, encadrée par une ouverture, qui devait servir pour remplir le récipient, probablement de vin. Sur la partie inférieure, trois petites pattes massives au profil conique servaient à soutenir l’objet. Outre le fin vernis qui recouvre sa surface, il présente une décoration peinte, avec des franges verticales en peinture noire, qui alternent avec des bandes plus fines de couleur bordeaux. Les traits du visage, modelés de façon sommaire et à l’aspect légèrement caricatural, sont également soulignés par de la peinture.

Il s’agit d’un vase de tradition ionique, mais de production grecque occidentale, probablement élaboré dans les ateliers de la colonie phocéenne de Massalia (l’ancienne Marseille) pendant la deuxième moitié du VIe siècle avant J.-C. ou le début du Ve siècle avant J.-C. La morphologie de ce vase permet d’en interpréter la fonction comme un usage rituel, destiné aux libations, dans le domaine cultuel ou funéraire. Il a été trouvé à Emporion, mais on en ignore le contexte d’origine. Il aurait également pu faire partie de l’ensemble funéraire d’une tombe grecque de la nécropole archaïque du Portitxol, qui fit l’objet d’une activité de spoliation intense à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les nombreux objets retrouvés dans les tombes de ce premier cimetière d’Empúries finirent entre les mains d’antiquaires ou de collectionneurs, ou furent achetés par des musées, comme dans ce cas, où l’objet rejoignit les collections du Musée départemental d’antiquités et des Beaux-arts de Gérone, aujourd’hui le siège du Musée d’archéologie de Gérone, en septembre 1896.

D’autres exemples d’askos à la morphologie similaire ont été retrouvés aussi bien à Massalia qu’à Emporion. Il pouvait aussi s’agir de têtes barbues en terre cuite, décorant des vases du même type, identifiés par la figure thériomorphe d’Achélôos ou, dans certains cas, de Silène, faisant également référence au mythe de Dionysos. Dans la

mythologie grecque, Achélôos était la divinité fluviale la plus importante, fils d’Océanos et de Téthys, et père des Sirènes et de plusieurs sources et émergences d’eau, comme Pyrène, Dircé ou Castalie. Lors de son combat contre Héraclès pour la nymphe Deianira, il se transforma en serpent et finalement en taureau. Vaincu par le héros, celui-ci lui arracha l’une de ses cornes, qu’il put récupérer en échange de la corne d’Amalthée, symbole de l’abondance et de la fertilité.

Marta Santos

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