Bronze
Ier siècle av. J-C
Empúries (L’Escala – Alt Empordà)
Un strigilis est un objet constitué d’une tige en bronze avec une partie courbe (ligula) et cannelée (tubulatio). L’autre extrémité est recourbée en forme quadrangulaire pour former le manche (capulus) et une sorte de fermeture (clausula) pour le suspendre. Il mesure, y compris la courbure, 21 cm, et son épaisseur est d’1,8 cm. La partie inférieure, à la base du manche, présente deux marques de fabrique : une horizontale, avec deux dauphins se faisant face, et une verticale, avec un autre dauphin. Originaire d’Empúries, il a été apporté au musée en 1896.
Cet instrument servait à éliminer du corps l’huile, la sueur et les impuretés après la pratique d’exercice physique ou le bain, par friction. Les déchets étaient récupérés dans la tubulatio, tel qu’il est représenté dans l’une des statues les plus connues de l’antiquité : l’Apoxyomenos de Lissip, copie romaine en marbre d’un original en bronze du IVe siècle av. J.-C.
Il est fréquent de les trouver par paires, unis par un anneau. Leur forme était variable: en bronze, mais aussi en fer, en os, en ivoire et, dans certains cas, en argent recouvert d’or. Ils apparaissent dans des contextes funéraires, mais aussi dans la vie domestique.
L’origine de cet instrument, méditerranéenne, est ancienne, mais il a été diffusé en Gallia Narbonensis, puis dans le reste de la Gaulle, en particulier à partir de la conquête romaine. Chez nous, dans les nécropoles d’Empúries, outre celui que nous présentons, conservé dans son intégralité, nous en avons retrouvé des parties d’au moins six autres, dont quatre en fer, datés du IIIe – IIe siècle av. J.-C. Parallèles à la tombe de Boissières (Gard, France), qui comporte également des marques de dauphin, ils permettent de dater notre strigilis entre le IIe et le Ie siècle avant J.-C.
Cet instrument d’hygiène transcende sa fonction utilitaire pour devenir un indice de la pénétration du style de vie romain dans les nouveaux territoires incorporés à Rome.
