EL TEMPS DE LA MEMÒRIA

TRESORS DEL MUSEU D’ARQUEOLOGIA DE CATALUNYA A GIRONA

Sarcophage

Sarcophage

Marbre

IVe siècle ap. J-C

Empúries (L’Escala – Alt Empordà)

Nous vous présentons le sarcophage des saisons, un magnifique sarcophage romain du début du IVe siècle ap. J.-C, trouvé à Empúries. Il est important, non seulement pour sa valeur archéologique et artistique indiscutable, mais aussi parce qu’il occupe une place remarquable dans la petite histoire du musée et de l’archéologie de Gérone.

Les premières fouilles officielles ont eu lieu à Empúries en 1846, par la Commission de monuments. Ce sarcophage a été retrouvé dans la basilique paléochrétienne de la Néapolis à la mi-septembre de cette année. Il a été rapidement porté, avec d’autres objets, au musée que la même commission avait créé à Gérone le 30 octobre 1845, appelé Musée départemental d’antiquités et de Beaux-arts.

Le Bulletin officiel du Département de Gérone du 5 février 1847 témoignait des acquisitions du musée jusqu’à la fin janvier de cette année. Le premier de la liste était notre sarcophage :

Une tombe en marbre blanc de corps entier de style courtois, avec de belles gravures selon les goûts et les dessins de cette époque.

Le sarcophage des saisons a donc passé 175 ans au musée. Il a été le premier objet du premier musée de Gérone.

Origine : trouvé lors des premières fouilles officielles réalisées à Empúries en 1846 et subventionnées par le Conseil général dans un endroit imprécis de la cella memoria , érigée sur le côté oriental de l’ancien cimetière de l’Antiquité tardive. Il comportait une cassure propre, et a pu être restauré facilement. Le couvercle a été conservé dans son intégralité.

Il mesure 2,12 m de long, 0,64 m de large et 0,55 m de haut. Le couvercle mesure 2,12 m de long, 0,65 m de large et la hauteur de l’avancée frontale est de 0,27 m. Il est constitué d’un excellent marbre blanc, vraisemblablement de Luni.

Description : le centre du sarcophage présente une imago clipeata disposée dans un grand coquillage avec une représentation conventionnelle du défunt, avec himation et portant dans les mains un uolumen enroulé, avec une décoration riche et chargée sur les deux côtés, avec huit personnages debout, quatre à chaque côté, tous nus mais partiellement recouverts d’un manteau qu’ils portent sur l’épaule, à l’exception du troisième personnage de la gauche de l’image centrale, un bon berger (criophore) habillé avec une tunique courte et des sandales, et portant un mouton sur ses épaules : la vision récurrente d’un monde bucolique et calme qui évoque la vie après la mort aux Champs Élysées ou sur l’Île des Bienheureux ; Le personnage situé à côté, le quatrième, est la représentation conventionnelle de l’hiver à la manière d’Atys, avec un pantalon long (braccae) et un manteau qui lui recouvre la tête et une partie de la poitrine. À droite du personnage du bon berger, une représentation de l’automne, un personnage nu avec un manteau devant la poitrine et, derrière, un éros chevauchant une panthère. Sur l’extrémité droite du tombeau, à nouveau la représentation du genius de l’automne avec un manteau devant la poitrine, soutenant un lièvre avec la main droite levée, et en-dessous, un chien qui voudrait l’attraper. À sa droite, la représentation de l’été avec un chlamyde et une couronne d’épines et, plus loin, le genius du printemps, couronné de fleurs. Entre les deux, un arbre fleuri avec un éros entre les branches. Le clipeus en forme de coquillage est soutenu par deux divinités, ailées et couronnées, couvertes d’un manteau. Sur la partie supérieure, deux petites victoires, également ailées, l’aident à le soutenir. Sous l’image centrale, on voit le mythe d’Endymion et Séléné, le premier allongé et endormi, avec une chlamyde et une lance à la main gauche, et la déesse qui

descend d’une poutre, menée par deux chevaux nerveux. L’amour débordant de la déesse pour le jeune berger conduisit le père des dieux à lui accorder l’immortalité et la jeunesse éternelle par le biais d’un sommeil éternel (somnus aeternus), un symbole apprécié et souvent utilisé parmi les personnes éduquées de l’époque, de l’immortalité de l’âme. La décoration frontale du couvercle se situe de part et d’autre d’un écriteau carré et uni, soutenu par deux érotes ailés ; à droite, les vendanges, représentés par un putti nu et, à gauche, des paysans vêtus d’une tunique courte, récoltent les olives et travaillent dans le moulin à huile. C’est une œuvre magnifique d’un atelier romain, qu’il convient de dater de l’époque de la Tétrarchie, au tout début du IVe siècle.

C’est la tombe numéro 410 du cimetière de l’Antiquité tardive de la Néaoplis et, bien qu’on ignore où il était situé, une analyse détaillée de l’espace rend plausible de proposer, avec une certaine vraisemblance, qu’elle devait présider la chambre funéraire A, adossée au nord de la cella dans la phase plus avancée de son histoire, qu’il conviendrait de dater à la toute fin du VIe siècle, ou déjà au VIIe siècle. Il est inutile de dire qu’il s’agit d’une tombe privilégiée. Cette tombe avait dû être récupérée et utilisée pour y inhumer un personnage charismatique du christianisme d’Empúries.

Josep M Nolla

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