EL TEMPS DE LA MEMÒRIA

TRESORS DEL MUSEU D’ARQUEOLOGIA DE CATALUNYA A GIRONA

Casserole

Casserole

Céramique

4.300-3.900 av. J.C

La Bassa de Fonteta (Forellac - Baix Empordà)

Parfois, une découverte accidentelle suppose le commencement de la découverte d’un monde inconnu jusqu’alors. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche archéologique. C’est ce qui s’est passé en juillet 1981 à Fonteta. Sur la berge d’une mare d’extraction d’argile, un éboulement a mis au jour une partie d’un vase en céramique élaboré à la main, et certains fragments d’os humains. Des fouilles précises ont permis d’identifier une tombe individuelle située dans une faille rocheuse, avec un trousseau funéraire constitué de plusieurs vases en céramique, l’un avec des anses tubulaires et d’autres avec une décoration incise, des objets en os et en pierre. La pièce la plus remarquable était la casserole que nous présentons aujourd’hui, avec un rebord plat rentrant, quatre anses en forme de tube et un bec verseur sous le rebord. Des graines de figues carbonisées se trouvaient à l’intérieur.

La tombe a été datée au néolithique moyen. Mais il s’y trouvait également quelque chose de totalement différent des objets habituellement retrouvés dans les tombes de fosse caractéristiques de cette période sur notre territoire : les anses tubulaires sont l’élément distinctif du groupe appelé Montboló, tout juste identifié à l’époque en Catalogne nord, et les céramiques à la décoration incise caractérisaient la culture Chassey, du néolithique français moyen. Cette association d’éléments du nord des Pyrénées Montboló-Chassey était identifiée pour la première fois au sud des Pyrénées. La tombe de la Bassa était, au moment de sa découverte, un site de fouilles unique.

De nos jours, la coexistence de céramiques Montboló et Chassey a été bien identifiée, aussi bien au nord qu’au sud des Pyrénées, dans des habitats en plein air, dans des tombes sépulcrales et dans des nécropoles. Cette présence caractérise les derniers moments du néolithique moyen initial, datant d’entre 4 500 et 3 900 av. J.-C.

Chez nous, tout a commencé un jour d’été 1981 à Fonteta.

 

Le 1er juillet 1981, M. Albert Garcia, de Celrà, a prévenu le Service de recherches archéologiques du Conseil général de Gérone, de la présence d’un vase d’aspect préhistorique et d’ossements humains au bord d’une mare d’extraction d’argile près du village de Fonteta (la Bisbal). Enriqueta Pons, archéologue du service en question, nous

a appelés, Júlia Chinchilla et moi-même, afin nous nous rendions sur place pour voir de quoi il s’agissait.

Arrivés sur place, nous avons observé qu’effectivement, un vase coupé en deux se trouvait au bord de la mare, au fond d’une possible tombe, le long d’une fissure naturelle de la roche calcaire locale. Nous avons commencé les fouilles immédiatement, pendant trois jours, en partant d’en haut, pour ne pas endommager ce qui restait de la sépulture, qui s’était à moitié enfoncée dans la mare. Nous avons pensé qu’il s’agissait sûrement d’un enterrement atypique dans le cadre de la tradition des tombes individuelles en fosses du néolithique moyen de Catalogne.

Quelques os des jambes et deux dents du même individu se trouvaient au fond de la tombe. On ignore le genre de cet individu, sa stature et la position dans laquelle il avait été inhumé. La casserole repose sur une petite dalle plate au fond de la tombe. Elle a été retrouvée entre les jambes du squelette. En-dessous, une pierre de mortier en grès et une pierre de moulin en calcaire.

Par la suite, l’ensemble du contenu de la tombe a été tamisé, ainsi que la terre provenant de l’éboulement dans le fond de la mare, donnant de très bons résultats, qui furent complétés avec le matériel qu’Albert García conservait chez lui. En tout, nous avons récupéré des effets personnels funéraires composés d’un poinçon de forme ronde et un morceau de spatule en os de forme rectangulaire ; une pierre de mortier et une autre de moulin ; une casserole avec le bec verseur rentrant en forme de T, avec quatre petites anses en forme de tunnel vertical et un bec sous le rebord (23,6 cm d’ouverture) ; une grande tasse aux bords cours et deux grandes anses verticales en forme de tunnel ; des fragments de deux vases en piédestal cylindriques, l’un avec des trous à la base, décorés de triangles ou de losanges carrés et gravés, et un petit bol sous-sphérique lisse. Des graines carbonisées de figues (Ficus carica) ont été retrouvées dans la terre tamisée du fond de la casserole.

En 1981, au moment de la découverte de cette tombe, singulière en raison des effets personnels Montboló-Chassey qu’elle contenait, nous ne connaissions pas beaucoup de contextes archéologiques parallèles où se trouvaient des céramiques Montboló et Chassey, qui nous illustrent la phase plus tardive du néolithique moyen initial (4 300 – 3 900 avant J.-C.). Malgré tout, nous l’avons situé à un moment tardif du Montboló, une phase de transition vers le Chassey.

Aujourd’hui, la situation a changé de façon substantielle. Au nord des Pyrénées, des tombes ont été creusées dans des grottes (Montou, Belestar) et des nécropoles (Camp del Ginebre) de cette période ; tandis que dans l’Alt Empordà (habitat de ca n’Isach, tumulus-II de Vilanera) et dans le Vallès Occidental (habitats de can Roqueta,Vinya del Regalat et Els Mallols), des peuplements et des tombes ont été creusées, où on a retrouvé des céramiques tardives de style Montboló et d’autres, de type Chassey. La tombe de la Bassa de Fonteta a été mise au jour plus de 10 ans avant la découverte de cette phase tardive du groupe de Montboló, aujourd’hui bien reconnue.

Josep Tarrús Galter

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